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d’ajouter ce correctif : à condition que cette république l’eût pour président. Il avait la grande force, à la tribune, après s’être renseigné et documenté auprès des gens es plus compétents d’élucider les questions obscures, et de faire comprendre, au moins versé dans les doctrines économiques et dans les choses de finances, les difficultés budgétaires ; il traitait tout ce qui se rattachait aux impôts avec parti-pris, mais avec une passion lucide qui charmait ses auditeurs déconcertait ses adversaires. Et puis, admirable ressource dans les assemblées parlantes, dans une démocratie oratoire où l’on conduit les hommes avec des phrases, il excellait dans l’art du lieu commun. Il était incomparable, comme le héros de Henri Monnier, avec qui il eut plus d’une ressemblance, au physique et au moral, lorsqu’il s’agissait de débiter magistralement des riens. Il montrait avec cela des goûts médiocres qui plaisaient a ses congénères. Il aimait le bibelot de cabinet et le bronze d’étagère. Il avait su acquérir la fortune et administrait sa maison en bon père de famille. Il avait un valet de chambre chargé démontrer aux électeurs influents non l’alcôve conjugale comme chez le roi Louis-Philippe, mais l’armoire où Mme Thiers serrait ses confitures. La popularité bourgeoise est faite de ces niaiseries.

Tour à tour combattant la démocratie ou a réaction selon qu’il monte au pouvoir ou qu’il en descend, on le voit, en 1830, préparer la Révolution populaire, puis, quand elle éclate chercher à l’étouffer. D’incendiaire devenu pompier, il résiste à Godefroy Cavaignac et à ses amis de la veille qui réclament la République, et fait accoucher la Révolution en travail de cette souris difforme et ridicule : la monarchie de Juillet. Plus tard, le peuple, à bout de patience, voyant renaître de ses cendres l’ancien despotisme royal, se plaint, réclame. On ne l’écoute pas. Il court aux