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des légendes ridicules ou infâmes propagées par les libellistes royalistes.

La révolution de 1830 survint, à laquelle Thiers avait contribué, en rédigeant la protestation parue dans le National, au lendemain des ordonnances. Il fut successivement nommé conseiller d’État, puis élu député à Aix. Il devint ministre pour la première fois au département de l’intérieur, le 11 octobre 1832, sous la présidence du maréchal Soult. Il quitta l’intérieur pour le commerce, à la suite de la réprobation, soulevée par la peu noble négociation avec le juif Deutz, qui, pour cinq cent mille francs, avait livre a la police la duchesse de Berry, dont il était l’amant. Ses alternatives de pouvoir et d’opposition, — ministères Gérard Mortier, Bassano, Guizot, Molé, — le conduisirent jusqu’à la veille de la campagne des banquets, précédant la chute de Louis-Philippe. Elu par trois départements en 1848, Gironde, Mayenne, Orne, il ne cessa de conspirer contre le gouvernement républicain. Quand le prince Louis-Napoléon fut élu à la présidence, il continua ses complots dans un sens monarchique. Il eut l’honneur d’être arrête au 2 décembre, et fut conduit à la frontière, au pont de Kehl.

Il ne tarda pas à rentrer en France, et, retire de la politique, il se consacra tout entier à son grand ouvrage : l’Histoire du Consulat et de l’Empire, qui lui valut une durable réputation dans la classe moyenne. Cette vaste compilation n’est pas sans intérêt. Elle fournit en abondance les renseignements et les faits. Napoléon est jugé avec enthousiasme souvent, mais son rôle de législateur d’administrateur, est justement mis en lumière. Cette histoire copieuse a certainement conserve a notoriété et accru la force morale de M. Thiers sur la bourgeoisie. L’écriture est gardienne de la vitalité des hommes. S’il paraissait à la génération de 1868 et de 1870 toujours