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nemental était la monarchie constitutionnelle, non pas celle de Louis-Philippe, ce roi gouvernait trop à ses yeux, mais le régime de la Grande-Bretagne, où le monarque n’est qu’un fantôme décoratif, une idole signante et présidante, dont il eût été le Pitt, le Palmerston, le Gladstone. Même quand le désarroi, l’impossibilité de faire place nette à un prétendant, et la soumission du pays républicain, eurent fait de lui, après l’hémorrhagie de 1871, un souverain presque absolu, car il régnait en despote à l’aide de la menace double de la démission et de la rupture de la sécurité vis-à-vis des Prussiens, il ne devait pas trouver satisfaisant le régime dont il était devenu la clé de voûte. La solidité, la régularité faisaient défaut ; le manque de contre-poids parlementaire le choquait surtout, comme un vice de construction capital, dans cet édifice hâtif, bâti sur des décombres, en présence de l’ennemi, au lendemain d’une formidable insurrection. Sa présidence lui apparaissait alors comme trop monarchique, et l’assemblée unique, une sorte de Convention rose, pas assez constitutionnelle.

Pourvu d’une exceptionnelle capacité de travail, l’intelligence ardente, l’ambition surexcitée, la mémoire ornée, et l’esprit doué d’une incomparable puissance d’assimilation, le jeune Marseillais, dès ses premiers pas, courut au succès, son but, son programme, sa foi, sa religion, du commencement à la fin de sa carrière. Peu scrupuleux, il n hésitait pas à violenter la fortune. Ses premiers essais en fournissent la preuve. Il avait en, tout jeune, une aptitude pour les lettres, servie et développée par son excessive facilité d’expression, et une intelligence ouverte, toujours en éveil. Comme J.-J. Rousseau, comme Proudhon, il débuta en lauréat dans un concours académique. L’éloge de Vauvenargues, l’officier moraliste, avait été mis au concours par