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LA PREMIÈRE SÉANCE. — LES RURAUX

La première séance de l’Assemblée Nationale s’ouvrit sans incidents. 260 membres seulement étaient présents. À deux heures et demie, M. Benoist d’Azy, qui figurait parmi les plus anciens députés connus, monta au fauteuil de la présidence comme doyen d’âge. Il prit la parole pour inviter l’assemblée à former ses bureaux et à vérifier les pouvoirs, avertissant que l’on procéderait comme en 1849. La vérification des pouvoirs devait être très sommaire, la plupart des dossiers électoraux n’étant pas parvenus. Les bureaux ne furent composés tout d’abord que de 25 membres.

Le président annonça en même temps qu’il avait reçu la lettre suivante de « M. Garibaldi », adressée aux départements qui lui avaient fait l’honneur de l’élire.

Bordeaux, 13 février.

J’ai accepté le mandat de député pour venir donner mon vote à la République. Avec ce dernier devoir, ma mission est accomplie, et je remets, dans vos mains, les pouvoirs que vous m’aviez délégués.

Je suis avec reconnaissance,
Votre dévoué
Garibaldi.

La lecture de cette lettre fut accueillie par un silence glacial. L’illustre général de l’armée des Vosges, qui assistait à la séance, se leva. Il voulait prendre la parole pour remercier et expliquer sa démission, mais le président d’âge ne la lui accorda pas. Jules Favre montait à la tribune. Le pleureur professionnel débuta ainsi : « Il m’est doux de déposer les pouvoirs du gouvernement de la Défense nationale entre les mains des représentants du pays… » Il ajouta qu’en