Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’inéligibilité. Les anciens ministres, conseillers d’État et préfets de l’Empire, ainsi que les députés ou candidats au Corps législatif, ayant accepté la candidature officielle sous Napoléon III, se trouvaient frappés d’inéligibilité.

Ce décret déconcerta Bismarck ; il effraya Jules Favre et ses collègues. Son effet assurerait une majorité dans l’Assemblée, sinon pour la continuation de la guerre, du moins pour le maintien de la République. Les membres de la Défense prirent aussitôt leurs mesures, et un second décret contraire fut rédigé, que promulgua Jules Simon. Celui-ci s’était rendu aussitôt à Bordeaux. Il s’appuyait sur l’autorité de Bismarck. Le chancelier allemand avait protesté « contre des élections faites, disait-il, sous un régime d’oppression arbitraire. Ces élections ne pourraient conférer les droits que la convention de l’armistice reconnaissait aux députés librement élus ».

Les élections allaient donc se faire dans le sens que prévoyait, que voulait Bismarck. Jules Simon se faisait l’humble serviteur du vainqueur. Comme Gambetta était l’homme que Bismarck et son impérial maître détestaient le plus, Jules Simon, pour mieux faire sa cour, qualifia publiquement le grand patriote de « fou furieux », et parla de le mettre en arrestation.

Gambetta riposta par une proclamation, dans laquelle il disait que m le décret d’exclusion du 31 janvier avait déjoué les espérances de la Prusse. L’insolente prétention du ministre prussien d’intervenir dans la constitution d’une assemblée française était la justification la plus éclatante des mesures prises par le gouvernement ». Il maintenait donc le décret, en contestant les pouvoirs de Jules Simon, en ce qui concernait le règlement du cas particulier des incompatibilités.

Bismarck vint au secours de ses alliés nouveaux. Dans