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L’armistice attendu n’excita pas les désordres que l’on pouvait craindre. Quelques bataillons de garde nationale, les uns par simple nos les autres emportés par l’excès d’une patriotique douleur protestèrent et demandèrent à marcher à l’ennemi ; quelques corps francs brisèrent leurs armes ; on répandit dans le public le bruit que certains amiraux songeaient à se faire tuer sur leurs pièces, plutôt que de se rendre… Tous ces bouillonnements s’échappèrent en fumée. L’inexorable fatalité était la, qui, de sa main de fer, pesait sur toutes les velléités de révolte, et ce fut avec une douleur profonde, mais sans éclats de fureur, que nous lûmes cette proclamation signée de tous les membres du gouvernement (excepté par Jules Favre, retourne a Versailles pour l’échange des signatures de la convention). C’était le 135e jour la siège. Tout était fini, bien fini, fini à jamais. Nous baissâmes la tête et nous revînmes au logis, les yeux pleins de larmes.

(Francisque Sarcey. — Le Siège de Paris. — Ed. Lachaud, Paris, 1871, p. 360.)

La remise des forts aux autorités prussiennes s’accomplit avec ordre, et sans incidents. On avait fait évacuer toutes les positions par les troupes, et on avait emporté les approvisionnements. L’entrée des régiments prussiens se fit gravement. Pas de musique, pas de tambours ; les hommes avaient le fusil en bandoulière, la baïonnette au fourreau, les drapeaux étaient serrés autour de la hampe. Le froid était assez vif. Le thermomètre marquait 1 degré au-dessous de zéro. Quelques coups de canon, les derniers, furent entendus dans la direction du sud. C’étaient les Prussiens qui tiraient à blanc, faisant l’essai des pièces dont ils venaient de prendre possession.

Une effervescente et brève protestation contre la capitulation se produisit dans le XIe arrondissement (Popincourt et faubourg Saint-Antoine), mais elle ne dura pas, la population ayant conserve tout son calme. Le tocsin avait sonne vainement à Saint-Ambroise, et le rappel avait été battu