seront la preuve irréfragable, et nous mettrons qui que ce soit au défi de les contester.
Nous montrerons qu’il nous reste tout juste assez de pain pour attendre le ravitaillement, et que nous ne pouvions prolonger la lutte sans condamner à une mort certaine deux millions d’hommes, de femmes et d’enfants.
Le siège de Paris a duré quatre mois et douze jours ; le bombardement un mois entier. Depuis le 15 janvier, la ration de pain est réduite à 300 grammes ; la ration de viande de cheval, depuis le 15 décembre, n’est que de 30 grammes. La mortalité a plus que triplé. Au milieu de tant de désastres, il n’y a pas eu un seul jour de découragement.
L’ennemi est le premier à rendre hommage à l’énergie morale et au courage dont la population parisienne tout entière vient de donner l’exemple. Paris a beaucoup souffert ; mais la République profitera de ses longues souffrances, si noblement supportées.
Nous sortons de la lutte qui finit retrempés pour la lutte à venir. Nous en sortons avec tout notre honneur, avec toutes nos espérances ; malgré les douleurs de l’heure présente, plus que jamais nous avons foi dans les destinées de la patrie.
La population apprit avec accablement, mais sans explosion de fureur, la nouvelle officielle. Le coup si rude, étant prévu, se trouvait amorti. C’était comme le dénouement douloureux, mais déjà accepté, du dernier soupir d’un agonisant aimé. Francisque Sarcey a noté, en ces termes émus et justes, l’état d’âme des assiégés :