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C’était une hérésie politique et militaire, c’était aussi une faute qui équivalait à une trahison. Quand une place assiégée est réduite, par le bombardement, la brèche ou la disparition des vivres, à offrir sa reddition, c’est le commandant militaire qui accomplit les démarches et traite avec l’assiégeant. Sa signature n’engage que la place, la forteresse, les troupes qui ont subi l’investissement, mais les autres places, les forteresses, les troupes, le territoire pris dans son ensemble, ne sont pas obligés par cette capitulation. Quand Sedan avait capitulé, la reddition de cette place n’avait nullement entraîné la remise à l’ennemi de Metz et de Paris. Napoléon III eut une prévoyance et une correction qui firent défaut au gouvernement de la Défense. C’est que les hommes du 4 septembre, à fin de janvier 1871, étaient surtout préoccupés d’imposer la paix non pas seulement à Paris, mais à toute la France ; ils en entendaient, avec la capitale livrée, désarmer le pays, ce qui leur assurait pour un temps la conservation du pouvoir. Ce fut là un crime de plus à joindre à leur dossier déjà bien charge.

LES NÉGOCIATIONS

Une seule circonstance atténuante à la décharge de ces hommes, qui ne furent pas un seul jour à la hauteur de la mission qu’ils avaient acceptée, qu’ils s’étaient donnée à eux-mêmes, pour être plus exact : ils étaient nantis de dépêches vraiment décourageantes, venues des départements, communiquées intentionnellement par Bismarck. Le général Chanzy et l’armée de la Loire avaient été battus et rejetés au delà de Laval. Le général Faidherbe était repoussé dans le Nord ; seul Bourbaki avait encore une position tenable, dans l’Est, mais il était évident que pendant longtemps on ne pourrait espérer un retour offensif de ces armées en