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On aurait pu, dit-il en faisant allusion à l’ordonnance du préfet de police Kératry, qui, au moment de l’approche des Prussiens, avait prescrit la fermeture des théâtres, fermer les clubs en même temps que les théâtres, et le conseil en a été donné au gouvernement de la Défense nationale. Quelques-uns allaient même jusqu’à l’engager à suspendre la publication des journaux ; mais que serait donc devenue cette population nerveuse et impressionnable, pour laquelle la conversation parlée et écrite est un article de première nécessité, si on l’avait privée à la fois des théâtres, des clubs, des journaux, dans le moment même où toute communication lui était interdite avec le reste du monde ?…

Les Parisiens isolés, détenus dans leur ville devenue geôle, ne pouvaient être tenus en cellule et gardés au secret ; il fallait leur laisser, comme à des prisonniers politiques, la consolation de s’entretenir entre eux, et d’échanger leurs rêves et leurs espérances. Les clubs furent, pendant le siège, les théâtres et les salons du peuple. On eut donc raison de les laisser ouverts, et leur fermeture ne donna nullement ce résultat que Vinoy et Jules Ferry attendaient, de « clore l’ère des émeutes », puisque six semaines s’étaient à peine écoulées depuis le 22 janvier, que le Comité Central et la Commune étaient maîtres de Paris.

Diverses mesures de répression accompagnèrent la fermeture des clubs. Les journaux le Combat et le Réveil furent supprimés. Leurs rédacteurs, Delescluze et Félix Pyat, furent mis en accusation, malgré l’opposition d’Emmanuel Arago, et sur l’insistance d’Eugène Pelletan. De nombreux citoyens furent arrêtés ou recherchés. On proposait l’établissement de cours martiales, mais on se contenta d’instituer de nouveaux conseils de guerre. On instruisit le procès des manifestants arrêtés, et on leur adjoignit des notoriétés révolutionnaires :

Le procès, dit un auteur anonyme exprimant un regret de l’insuffisance des poursuites, ne porta condamnation réelle