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des scélérats justement punis ou des martyrs ridicules. La jeunesse démocratique, mal instruite, si elle acclame, a priori et avec une conviction moutonnière, les insurrections acceptées et consacrées, ignore, méprise ou hait, par ouï-dire, les révolutions populaires avortées et les insurgés vaincus. On ne lui enseigne pas la vérité de ces événements, qualifiés de désordres, de folies et de crimes. On se contente de les stigmatiser brièvement, et de noter d’infamie ceux qui ont contribué à les produire. L’histoire des Guerres Civiles est à écrire, et à apprendre.

Ces crises de l’humanité ont été observées avec des yeux indignés, et notées par des plumes sévères. Cependant, cette histoire des Révoltes, c’est le sommaire des annales du progrès humain. Rien n’est demeuré, — car les annexions récentes de l’Allemagne, duchés et Alsace-Lorraine, peuvent être envisagées comme gains provisoires et possessions précaires, — des bénéfices ou des pertes, dus aux guerres ordinaires de conquêtes, d’extermination ou de spoliation. Mais les bienfaits des révolutions demeurent, et les enseignements de la guerre civile se propagent de siècle en siècle. Tous les progrès sociaux ont pour base et pour étai des insurrections. Les affranchissements successifs de la race humaine sont issus de rébellions, même étouffées. Les vaincus, en apparence abattus sur le moment, se relèvent lentement, et, les morts régnant sur les vivants, continuent la bataille, préparent les victoires de l’avenir.

La déclaration des Droits de l’Homme porte que, dans certains cas, l’insurrection est le plus saint des devoirs. Elle est, dans toute circonstance, une preuve de vitalité, d’avenir, et d’espoir. Le peuple opprimé matériellement, ou