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laires, bien des sottises formulées, et les propositions ridicules ou absurdes avaient trop souvent rempli les séances passionnées. On avait écouté, toujours avec attention, souvent avec une crédulité naïve autant qu’enthousiaste, des rêveries d’inventeurs et des motions saugrenues. Le célèbre feu grégeois avait eu les honneurs de plus d’une réunion ; les bombes asphyxiantes avaient été l’objet de discussions ardentes ; et l’on avait seulement souri, quand, au club Favier, un patriote imaginatif avait proposé de lâcher dans les bois autour de Paris les fauves et les reptiles du jardin des Plantes, qui coûtaient cher à nourrir, et qui formeraient une redoutable avant-garde défensive pour nos avant-postes. Mais dans ces clubs aussi, où l’on avait si souvent invoqué la Commune, sans la définir, sans trop savoir ce qu’elle représenterait, où on avait salué en elle le vrai gouvernement populaire et sauveur, celui qui chasserait les incapables du gouvernement, et peut-être avec eus les Prussiens des lignes d’investissement, il y avait eu des motions vraiment patriotiques, et des harangues réconfortantes avaient été débitées et applaudies. On y avait entretenu l’espérance, l’illusion si l’on veut, mais pour un peuple assiégé l’annonce de la délivrance est le meilleur cordial. S’il y avait eu, dans des séances sans intérêt, de vaines dénonciations et des commérages de portières sur « telle dame distinguée, qui nourrissait son petit chien avec du pain », des paroles énergiques et des appels sincères au courage, à la résistance, au sacrifice et au dévouement avaient été fréquemment prononcés. Il y eut même, ici et là, des séances où l’énergie révolutionnaire et le patriotisme exaspéré inspirèrent des paroles enflammées d’une éloquence aussi farouche que celles qui furent prononcées à la tribune de la Convention, quand Danton ou Vergniaud l’occupaient.

M. G. de Molinari, dans ses comptes-rendus ironiques ou