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renforts, conduits par Jules Ferry et le général Dargentolle, arrivèrent, comme on l’a vu, quand tout était fini.

Jules Ferry, en reprenant son fauteuil de maire, s’empressa de rédiger la dépêche suivante aux commandants des neuf secteurs :

Quelques gardes nationaux factieux, appartenant au 101e de marche, ont tenté de prendre l’Hôtel-de-Ville. Ils ont tiré sur les officiers de service et blessé grièvement un adjudant major de la garde mobile. La troupe a riposté. L’Hôtel-de-Ville a été fusillé des fenêtres des maisons qui lui font face, de l’autre côté de la place, et qui étaient d’avance occupées. On a lancé sur nous des bombes et lancé des balles explosibles.

L’agression a été la plus lâche et la plus odieuse, d’abord au début, puisqu’on a tiré plus de cent coups de fusil sur le colonel et ses officiers, au moment où ils congédiaient une députation admise un instant avant dans l’Hôtel-de-Ville. Non moins lâche ensuite, quand, après la première décharge, la place s’étant vidée et le feu ayant cessé de notre part, nous fûmes fusillés des fenêtres en face.

Dites bien ces choses aux gardes nationaux, et tenez-moi au courant si tout est rentré dans l’ordre.

La garde républicaine et la garde nationale occupent la place et les abords.

Le ton emphatique de cette dépêche, les exagérations et les erreurs de fait qu’elle contient prouvent que, ce jour-là, Jules Ferry, si maître de lui au 31 octobre, n’avait pas tout son sang-froid, et ne gardait point sa mesure habituelle.

Les bombes et les balles explosibles n’existèrent que dans l’imagination de Ferry. Où les gardes nationaux se seraient-ils procuré des balles explosibles, dont nulle part on ne trouva la trace, dans les arsenaux ni ailleurs, durant les combats du siège ? Ferry reproduit là, sans nécessité, une calomnie propagée par les journaux prussiens. Quant aux bombes il n’y avait ni mortiers ni canons sur la place de l’Hôtel-de-Ville. Les troupes du général Dargentolle venu