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manifestants, qui sans doute en paroles et en gestes ne tardaient pas toute mesure, les crurent en danger ; ils les virent peut-être couchés en joue, et donnèrent précipitamment l’ordre de tirer. L’adjoint Chaudey, chef supérieur, ce jour-là à l’Hôtel-de-Ville, avait autorisé la troupe a faire usage de ses armes si l’on tentait d’envahir le palais. Or, dit Gaston Da Costa (admettant la version des gardes nationaux tirant les premiers), « Sapia et ses hommes essayaient de franchir la grille qui isolait le bâtiment ». (La Commune vécue, p. 254.) Les deux capitaines et leurs hommes ont pu prendre cette tentative de Sapia et des cardes du 101e comme un commencement d’escalade. L’occasion s’offrait à eux d’user de la permission donnée par l’autorité civile, ils en profitèrent, satisfaisant en même temps leur animosité contre les « guerre à outrance ». Ce qui vient à l’appui de cette hypothèse, c’est la présence d’une foule devant les grilles, et aussi celle, au premier rang, du commandant Sapia : « À la première décharge, Sapia est tombé le long des grilles, la tête fracassée », dit Gaston Da Costa. Il est invraisemblable que ce chef de bataillon se fût avance jusqu’aux grilles, où il parlementait avec le comte de Legge et le colonel Vabre, pour faire tirer ses hommes, sur un bâtiment fermé, barricadé, étant certain d’attirer la riposte des bretons à l’abri.

La décharge des bretons, qu’elle ait suivi ou précède celle des gardes nationaux, fut terrible. Le commandant Sapia les délégués Chataigniaud et Fontaine furent tues. Il y eut une cinquantaine de blessés ou de morts, parmi lesquels des femmes, des enfants. Du côté des bretons, quelques pierres de l’Hôtel-de-Ville furent écornées et trouées. Il y eut aussi un certain nombre de carreaux brisés.

La foule inoffensive s’était dispersée, et quelques gardes nationaux, voulant courageusement riposter, se postèrent