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noyau de fidèles, il se prépara à donner enfin le signal du combat.

L’a-t-il donné ? S’illusionnant sur la force réelle des insurgés, abusé par l’arrivée de ces bataillons détermines excité par Sapia Sérizier et quelques autres qui déploraient les pourparlers des délégations, et se montraient impatients de faire parler la poudre, Blanqui, sur qui tous comptaient, qui avait seul de l’autorité morale, a-t-il levé la main ou ouvert son parapluie, comme pour l’attaque du post de la Villette ? Point obscur. Il est possible que Blanqui ait voulu brusquer les événements et engager l’action. Ceci serait assez dans sa mentalité, et l’on retrouverai là sa tactique favorite, mais la preuve de cette initiative manque. Des coups de feu partirent tout à coup, et l’on ne sait d’où.

Les partis se sont renvoyé l’imputation d’avoir commencé le feu. Arthur Arnould, qui était présent, dit :

Une décharge effroyable, partie de l’Hôtel-de-Ville, alla semer la mort parmi cette foule inoffensive de curieux, de femmes, d’enfants, qui couvraient la place (loc. cit., p. 76).

Louise Michel, témoin également, émet la même opinion :

Quelques instants après l’entrée de Chaudey dans l’intérieur, il y eut comme un coup de pommeau frappé derrière une des portes, puis un coup de feu partit, isolé. Moins d’une seconde après une fusillade compacte balayait la place… (loc. cit., p. 102).

Gustave Flourens attribue aussi le premier coup de feu aux défenseurs de l’Hôtel-de-Ville.

Les témoins entendus dans l’enquête parlementaire : comte de Legge, commandant des mobiles de Finistère, colonel Vabre, commandant militaire de l’Hôtel de Ville, Cresson, préfet de police, sont au contraire tous d’accord