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parce que Flourens les effrayait, la foule fut peu nombreuse sur la place de l’Hôtel-de-Ville, et peu de gardes nationaux se trouvèrent au rendez-vous. (Arthur Arnould. Histoire Parlementaire et Populaire de la Commune de Paris, t. I, p. 74.)

LES COUPS DE FEU. — MOBILES ET GARDES NATIONAUX

L’affaire pouvait être considérée comme finie, et l’émeute probable comme avortée, vers deux heures et demie de l’après-midi. Le combat, à cette heure déjà tardive en hiver, n’avait pas même commencé, faute de combattants. Tout à coup, des clameurs s’élèvent de la place, mêlées à des vivats, à des sonneries de clairons, au bruit de tambours battant la charge. Ce sont des compagnies du XIVe arrondissement (Vaugirard) qui viennent se ranger sur la place, face à la grille. Un jeune homme énergique, Sapia, ex-chef de bataillon, les commande. Il n’a pas son uniforme de commandant. Presque en même temps, un bataillon du IVe arrondissement (quartier Saint-Merry) débouche par la rue du Temple ; puis le 101e bataillon (la Maison-Blanche 13e), commandé par Duval et Sérizier, arrive, par le Pont d’Arcole. Bientôt deux cents hommes environ sont signalés dans la rue de Rivoli. C’est le contingent, bien réduit, des Batignolles, ayant à sa tête Benoît Malon, adjoint, ceint de son écharpe. En passant devant le café du Gaz, les Batignollais avaient aperçu et acclamé Blanqui. Celui-ci, encouragé, avait alors quitté sa retraite, et s’était avancé sur la place. Le vieux révolutionnaire se reprenait à espérer. Il augura mieux de cette journée, si mal commencée, et qui jusque-là paraissait se borner à des vociférations impuissantes, à des protestations inutiles. Il se montra donc. Posté à l’angle de la place, entouré d’un petit