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duit auprès de Chaudey, il avait pu se rendre compte de l’inutilité de démarches conciliatrices, et en même temps de l’impossibilité, avec le peu de monde dont il disposait, de pénétrer de vive force dans l’Hôtel-de-Ville, pour y installer un nouveau gouvernement. Il alla retrouver Delescluze et les autres chefs réunis chez Lefebvre-Roncier. Il leur fit part de ses hésitations, leur rendit compte de l’état de défense où il avait trouvé l’Hôtel-de-Ville, et les avertit qu’il avait jugé prudent de faire éloigner les gardes nationaux de Montmartre, vu leur petit nombre. Ils eussent été exposés à une fusillade meurtrière, partie des soupiraux et des fenêtres de l’Hôtel-de-Ville, que les bretons garnissaient. Il avait donc rangé ses gardes nationaux, en bon ordre, près du square de la Tour-Saint-Jacques, le long de la grille, avec la consigne d’attendre les événements.

Eugène Razoua, élu député par la Seine aux élections du 8 février, donna sa démission. Il fut commandant de l’école militaire, pendant la Commune. Il s’était réfugié à Genève, où il est mort en 1878.

L’ATTENTE

L’attente, c’était la situation même. Elle était générale. La foule attendait sur la place qu’il se passât quelque chose. Blanqui attendait, embusqué au premier étage du café du Gaz Félix Pyat attendait dans un fiacre au coin de la rue Saint-Martin. Delescluze, Cournet, d’autres chefs attendaient chez Lefebvre-Roncier. Ceux-ci commençaient à hocher la tête, déconcertés, et à se regarder significativement. Pour que Razoua, dont personne ne pouvait mettre en doute la bravoure, eût ainsi prudemment placé son bataillon en réserve, c’est que l’affaire ne prenait pas bonne tournure. On était sans nouvelles de Blanqui, et ses amis, tous