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moyenne, et aussi ses préjugés et ses antipathies. Cet avocat rassis, représentant le type légendaire du bourgeois, se trouva, par l’absence regrettable de Jules Ferry dans la journée du 22 janvier, disposer d’une autorité dont il ne sut pas user avec assez de présence d’esprit pour conjurer le désordre, en évitant l’effusion du sang. Ces natures d’aspect placide sont susceptibles d’emballement, et le dicton sur les moutons enragés fut souvent vérifié dans les discordes civiles. L’attitude qu’il prit, en présence des délégués qu’on lui envoya à plusieurs reprises, a pu rendre vraisemblable l’imputation d’avoir fait tirer, qu’il paya de sa vie.

EUGÈNE RAZOUA

Chaudey, à l’exposé des griefs et des vœux de l’Alliance Républicaine, que formulait avec bonhomie Tony Révillon, assurément persuadé que tout allait s’arranger, répondit que le gouvernement était en communion d’idées avec l’Alliance Républicaine pour écarter toute pensée de capitulation et pour essayer de maintenir le calme dans Paris, mais qu’il était absolument opposé à l’élection d’une Commune. Il déclara qu’il opposerait la force à toute tentative de violence, qu’il était seul à l’Hôtel-de-Ville, qu’il avait la responsabilité de l’ordre, et qu’il réprimerait énergiquement tout mouvement contre le siège de la municipalité. Il ajouta, a dit Louise Michel, cette menace imprudente : « Si l’on en vient à recourir aux armes, les plus forts fusilleront les autres ! » (Louise Michel, la Commune. P.-V. Stock, éd., 1898, p. 101.)

À l’appui de ses paroles comminatoires, Chaudey fit accompagner Tony Révillon et les autres membres de la délégation, de façon à leur faire voir les préparatifs de