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ordre. On lui en a contesté le mérite, et son attitude fut qualifiée de « piteuse ». Il se montra sans doute arrogant, et nullement disposé à des pourparlers avec les délégations qui successivement vinrent l’entretenir dans cette journée funeste. Mais il n’est pas établi qu’il ait commandé le feu aux bretons. Il eut le tort, quand il fut arrêté et interrogé sur ce fait, de ne pas témoigner des regrets, en se retranchant derrière les ordres supérieurs reçus, et en arguant de son mandat qui lui imposait l’obligation de s’opposer, fût-ce par la force, à l’envahissement du palais dont il avait la garde et la responsabilité. Il fut fusillé dans la cour de la prison de Sainte-Pélagie, où il était détenu, le 23 mai 1871. Il se montra courageux et digne au moment de la mort. Cette exécution fut accomplie sans jugement, mais on était à une heure atroce et exceptionnelle, où les formalités, les garanties de tout accusé étaient remplacées par la brutalité des faits, départ et d’autre. C’est au milieu des fusillades au hasard et des aveugles massacres, qui accompagnaient l’entrée des troupes de Versailles dans Paris, que Gustave Chaudey fut exécuté. Ce fut un acte assez inexplicable, et qu’on a pu attribuer à une vengeance particulière. Chaudey n’était pas un des plus implacables adversaires de la Commune, et bien d’autres auraient pu avoir son sort, qui furent épargnés. C’était un républicain, autoritaire et entier, sans doute, mais ferme dans ses convictions démocratiques. Il avait été exilé sous l’empire ; revenu lors de l’amnistie, il plaida, et fit partie du conseil de rédaction du journal le Siècle. Après le 31 octobre, il fut nommé adjoint au maire de Paris, en remplacement de Charles Floquet, démissionnaire. Le principal titre de Gustave Chaudey au souvenir de la démocratie est d’avoir été honoré de la confiance de Proudhon, qui fit de lui l’un de ses exécuteurs testamentaires. Il avait les vertus de la classe