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Cette nuit, une poignée d’agitateurs a forcé la prison de Mazas, et délivré plusieurs prévenus, parmi lesquels M. Flourens.

Ces mêmes hommes ont tenté d’occuper la mairie du vingtième arrondissement, et d’y installer l’insurrection ; votre commandant en chef compte sur votre patriotisme pour réprimer cette coupable sédition.

Il y va du salut de la cité.

Tandis que l’ennemi la bombarde, les factieux s’unissent à lui pour anéantir la défense.

Au nom du salut commun, au nom des lois, au nom du devoir sacré, qui nous ordonne de nous unir tous pour défendre Paris, soyons prêts à en finir avec cette criminelle entreprise : qu’au premier appel la garde nationale se lève tout entière, et les perturbateurs seront frappés d’impuissance.

De bonne heure des groupes se formèrent sur la place de l’Hôtel-de-Ville. Il y avait beaucoup de femmes, quelques-unes très exaltées, très révolutionnaires. Louise Michel était là, en costume de garde national, portant crânement le képi, avec le chassepot en bandoulière. Elle fit d’ailleurs le coup de feu. Des gardes isolés, la plupart sans armes, stationnaient, commentant l’affiche de Clément Thomas regardant avec inquiétude les fenêtres closes et les portes barricadées de l’Hôtel-de-Ville. De temps en temps, on se montrait un mobile, avec son fusil, passant la tête par les vasistas des bureaux, à l’entresol.

Le gouvernement averti avait pris ses mesures. Le préfet de police. Cresson ; avait demandé du renfort à Vinoy. Celui-ci avait aussitôt fait rentrer dans Paris les meilleurs régiments de ligne à proximité, notamment ceux de la brigade Valentin. Le 109e et le 110e de ligne évacuèrent précipitamment les deux redoutes des Hautes-Bruyères et du Moulin-Saquet, qu’ils avaient défendues pendant toute la durée du siège. Les Prussiens auraient pu s’en emparer sans grands risques, ce jour-là, et notre front défensif du Sud se trouva dégarni jusqu’à la fin des hostilités. Le 3e