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Le gouvernement de la Défense nationale vient de me placer à votre tête ; il fait appel à votre patriotisme et à mon dévouement ; je n’ai pas le droit de me soustraire. C’est une charge bien lourde ; je n’en veux accepter que le péril, et il ne faut pas se faire d’illusions.

Après un siège de plus de quatre mois, glorieusement soutenu par l’armée et par la garde nationale, virilement supporté par la population de Paris, nous voici arrivés au moment critique.

Refuser le dangereux honneur du commandement dans une semblable circonstance serait ne pas répondre à la confiance qu’on a mise en moi. Je suis soldat, et je ne sais pas reculer devant les dangers que peut entraîner cette grande responsabilité.

À l’intérieur, le parti du désordre s’agite, et cependant le canon gronde. Je veux être soldat jusqu’au bout ; j’accepte ce danger, bien convaincu que le concours des bons citoyens, celui de l’armée et de la garde nationale, ne me feront pas défaut pour le maintien de l’ordre et le salut commun.

Le ton de cette proclamation était comminatoire et déplacé. On y retrouvait la mentalité des généraux du Deux-Décembre. L’appel aux « bons citoyens » et les menaces au « parti du désordre » indiquaient la préoccupation unique, chez le successeur de Trochu, d’une résistance à l’intérieur. Il n’était fait aucune allusion aux Prussien, qui cependant bombardaient toujours, ni à ces idées de revanche, de sortie, de délivrance, qui passionnaient encore les Parisiens.

Les révolutionnaires estimèrent l’occasion favorable, et Blanqui, sorti de sa retraite, entra en communication avec différents membres de l’Alliance et de l’Internationale, les militants des clubs et plusieurs commandants de la garde nationale, qui promirent le concours de leurs bataillons.