Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Les luttes sociales, les grands soulèvements populaires, les rébellions provinciales, les séditions urbaines, corporatives ou locales, les mutineries militaires, toutes les commotions qui précèdent, accompagnent ou constituent les guerres civiles, les seules guerres véritablement admissibles rationnelles ou utiles, ne sont pas des accès de la nervosité moderne, des éruptions de fièvres nouvelles : ces manifestations de l’esprit de révolte se sont produites de tout temps ; elles éclateront encore à des époques indéterminées, pendant une suite d’années impossibles à fixer, sur des points différents ; elles remontent aux origines des groupements humains. Les poètes, les historiens, les philosophes, les annalistes, s’inspirant des traditions du Pentateuque, ont dénoncé, dans l’un des deux premiers nés de l’ancêtre fabuleux, Adam, le premier insurgé. Ce Caïn, maudit, d’après la Genèse, dès les premiers pas de la race humaine sur la terre neuve et molle, à peine dégagée du moule informe du chaos primitif, demeure voué à l’exécration des générations, comme l’auteur de la révolte initiale. Il est le disciple du Satan des légendes, et continue, parmi les hommes, l’insurrection commencée chez les anges. Sa mère, Ève, désignée comme la première révoltée du mariage, semble ainsi avoir porté dans ses flancs les germes de toutes les rébellions futures.

L’esprit de résistance à l’autorité jugée injuste ou excès-