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L’Alliance républicaine s’adresse à l’ensemble des citoyens ;

Invoque le péril public ;

Demande que, dans les 48 heures, les électeurs de Paris soient convoques, afin de nommer une assemblée souveraine de deux cents représentants, élus proportionnellement à la population.

Demande encore que le citoyen Dorian constitue la commission chargée de faire les élections.

Arthur Arnould, l’un des membres de l’Alliance et l’un des signataires, a apprécié ainsi ce manifeste :

On a dit qu’il était trop tard, et que, la capitulation étant devenue inévitable, notre propre succès n’aurait eu d’autre résultat que de faire endosser, par le parti révolutionnaire socialiste, la honte de la reddition de Paris.

Cela est possible, et je ne nierai pas que, chez la plupart d’entre nous, il y avait en ce moment plus de désespoir que de foi. Toutefois nous crûmes de notre devoir de protester jusqu’à la dernière heure, et de tenter un dernier effort, faisant de bon cœur le sacrifice de nos personnalités, devenues odieuses ou ridicules, en cas d’insuccès devant les Prussiens.

On peut se demander, néanmoins, si la partie était absolument désespérée, et si nous n’avions pas quelque droit d’agir ainsi que nous le faisions.

Arthur Arnould. Histoire Populaire et Parlementaire de la Commune. Bruxelles, 1878.)

Cette supposition d’Arthur Amould que tout espoir ne devait pas être considéré comme perdu, reposait sur la croyance, qui n’était pas absolument fausse que les approvisionnements n’étaient pas aussi épuisés qu’on le disait, et sur l’ignorance où l’on était encore de la situation véritable les armées de province. Sans cette croyance optimiste, l’émeute qui se produisit le jour même de l’affichage de ce manifeste eût été criminelle et absurde. Elle ne fut qu’insuffisamment préparée, et ne trouva pas d’adhésion de la part de la population.