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Le gouvernement ne se conforma que trop bien à ce désir.

Les maires n’avaient pas compris qu’en permettant au gouvernement de traiter, au lieu de remettre une place de guerre, comme c’eût été le cas d’un général signant la capitulation, ils livraient la France, ils désarmaient le pays entier.

Ces maires, il est vrai, ne pensèrent pas à cette conséquence de leur refus de signer avec les Prussiens les conditions de la reddition, ils ne songèrent qu’à témoigner de leur refus de capituler et qu’à affirmer, fidèles mandataires de la population, son désir de lutter encore. « La population aimait mieux mourir de faim que de honte », a dit Jules Favre, constatant ces sentiments désespérés des Parisiens, dans son récit : le Gouvernement de la Défense Nationale, du 31 octobre au 28 janvier, et le maire Vacherot déclara que « si, sans transition, on prononçait le mot de capitulation, la guerre civile en résulterait ».

Il fut donc décidé qu’on ne parlerait pas de se rendre, mais qu’on examinerait la question d’une nouvelle sortie, et qu’un conseil de guerre serait tenu immédiatement à cet effet.

NOMINATION DU GÉNÉRAL VINOY

Le général Trochu avait dit aux maires : « Jusqu’à présent j’avais été d’avis qu’il fallait tenter une grande opération, mais, après l’essai fait à Buzenval, je suis bien obligé de reconnaître que j’ai eu tort, et je suis fermement résolu à ne plus renouveler une pareille entreprise. » C’était sa démission offerte, ou plutôt subie. Il fit observer qu’il ne fallait pas d’interrègne dans le commandement militaire, et il désigna trois hommes, en situation de le remplacer : le général Le Flô, ministre de la guerre, le général Ducrot