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à la nouvelle de la capitulation. Elle s’imposait, dit-il : les vivres faisant complètement défaut, et une nouvelle tentative de combat n’offrant aucune chance, il cesserait donc ses fonctions, et la municipalité de Paris devrait s’aboucher avec les autorités prussiennes, afin de stipuler, en faveur de la malheureuse cité, les conditions que garantissent les lois de la guerre et les principes d’humanité, respectés par tous les peuples civilisés. Il enguirlanda cette navrante proposition de toutes les fleurs de sa rhétorique coutumière de général incapable, mais beau phraseur.

Les maires furent insensibles au charme habituel de cette faconde. Ils repoussèrent avec indignation l’offre d’être les signataires de la capitulation. Ils envisagèrent, avec terreur, la réprobation, les injures, les violences même, dont ils seraient l’objet de la part de la population. Ils refusèrent, avec ensemble, la mission que leur offrait le gouverneur. Vraiment, il se déchargeait avec trop de désinvolture d’une tâche qui était la sienne, d’une pénible besogne dont il devait se charger. C’était lui qui avait été le chef, le maître de la situation, depuis le commencement du siège ; il avait tout dirigé, tout disposé, et quand, par ses fautes par son incurie, par son incapacité, on était acculé à la honte d’une capitulation, il se défilait, il passait la main. Il ne voulait pas se rétracter publiquement, puisqu’il avait dit, dans un moment d’infatuation et de jactance, qu’il ne capitulerait jamais. Il se dérobait derrière les maires ; il les envoyait chez les Prussiens, avec mandat de capituler pour lui. C’était inadmissible. Le gouvernement avait eu jusque-là tous les pouvoirs et pris toutes les responsabilités, il ne pouvait, à la minute suprême, se dégager et transmettre à la municipalité ses pouvoirs et ses responsabilités. Les maires refusèrent donc de se substituer au gouvernement pour capituler.