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Trochu avait dit à Jules Favre, durant leur entretien au Mont-Valérien, après la bataille, que l’autorité militaire et l’autorité municipale devraient s’entendre pour régler la conduite à tenir, c’est-à-dire la capitulation. Les maires de Paris furent donc convoqués, dans ce but, au ministère des Affaires Étrangères, pour le jour même 20 janvier, dans la soirée.

Avant cette séance de nuit, le gouvernement tint conseil : Jules Ferry demanda la destitution du général Trochu. En même temps, il proposa une nouvelle tentative, ne fût ce que pour convaincre la garde nationale de son impuissance mais avec un autre général. Ernest Picard l’appuya, en proposant de tenter en même temps des négociations avec les Allemands. Il y avait contradiction entre les deux avis : négocier et préparer une sortie. Jules Simon, Emmanuel Arago et Garnier-Pagès firent remarquer cette incohérence. Tous les trois insistèrent, et avec raison, sur ce point capital que, si l’on entamait des négociations. Paris ne devait traiter que pour Paris, et qu’on ne devait pas compromettre la France entière. Ils ne persévérèrent malheureusement pas dans cette attitude, aussi raisonnable que patriotique.

L’énorme faute de permettre au gouvernement de capituler, au lieu de laisser, comme s’il s’agissait d’une forteresse ordinaire, le gouverneur militaire rendre la place, ce qui n’engage ni les autres chefs militaires, ni le gouvernement du pays vaincu, fut, sinon commise, du moins préparée par les maires. Ce fut du reste le résultat des phrases entortillées et vaines de Trochu. Une fois réunis en cette décisive séance de nuit, Jules Favre leur fit part des intentions du gouverneur président du Conseil. Celui-ci prit ensuite la parole, et, après s’être rendu une justice qu’il ne méritait pas, affirma qu’il n’avait commis aucune faute.