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patiemment, —ce fut la règle et la force de son existence—il était certain d’arriver au but proposé. Parvenu à la classe de troisième, il avait bifurqué. La bifurcation, établie par le ministre Fortoul, obligeait l’élève, avant de passer, des classes de grammaire, dans les divisions supérieures, à déclarer qu’il choisissait les Sciences, ou bien les Lettres. Émile opta pour les Sciences. Ce fut ainsi, notamment en sciences physiques et naturelles, pour lesquelles le futur auteur du Roman Expérimental, l’apologiste de Claude Bernard, le théoricien de la littérature scientifique, avait un goût très vif, qu’il se montra l’un des meilleurs élèves de sa classe. Il témoigna d’une sorte d’aversion pour la littérature classique. Il eût dit volontiers, avec les Berchoux, les La Mothe, les Lemierre : « Qui nous délivrera des Grecs et des Romains ? » Il est probable, il est certain même, qu’il a, par la suite, pris connaissance des maîtres de la littérature antique, mais il ne dut les lire que dans des traductions. Il a affirmé, à plusieurs reprises, peut-être avec un peu de fanfaronnade, car il avait eu un 2e prix de version, en troisième, ne pas savoir le latin. C’est un mérite plutôt négatif. Zola paraissait satisfait de cette ignorance. Il la proclamait, comme une vanterie. C’est une tactique d’orgueil assez fréquente, que la fierté d’un dédain pour ce qui vous a fait défaut dans la vie ou pour ce qui vous échappe. Que de gens font fi de ces raisins, pour eux trop verts : titres de noblesse, terres, châteaux, bijoux, décorations, bonnes fortunes, invitations mondaines, voyages, villégiatures. Dans l’ordre intellectuel, ce faux mépris des richesses scientifiques ou artistiques, qu’on n’a pu acquérir, est aussi répandu. Zola semblait tout heureux de « n’avoir entendu parler de Virgile que « par ouï-dire » . Ce n’est pas seulement la langue virgilienne