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pamphlétaire et l’homme d’action ? Tout ce qui est sorti de la plume de l’auteur des Feuilles d’automne et des Contemplations semble-t-il louable et excellent à tout le monde ? Est-ce que les serviteurs du régime impérial et leurs descendants peuvent se pâmer devant les Châtiments et honorer celui qui a écrit Napoléon-le-Petit ? L’Expiation, qui nous a fait détester et combattre l’empire, sur les bancs du collège, à nous les premiers pionniers de la République de 1870, fut à l’œuvre de Victor Hugo ce que J’accuse ! est pour Zola. La violence avec laquelle l’empire fut attaqué, dans ces ouvrages politiques de l’auteur de Notre-Dame-de-Paris, a-t-il empêché les partisans du régime aboli d’admettre, comme un honneur légitime, l’entrée de la dépouille du Juvénal des Châtiments au Panthéon ? Il doit en être de même pour Zola. Quant à ceux qui, à l’heure présente, ont été surtout disposés à honorer l’auteur de J’accuse ! ils doivent, pour maintenir et confirmer la gloire de ce grand esprit, ne pas isoler cet ouvrage des autres écrits de l’auteur. Admirer Émile Zola et le glorifier uniquement parce qu’il a défendu Dreyfus est une sottise, mais contester son génie et mépriser son magnifique labeur, parce qu’il a écrit un regrettable plaidoyer, serait une absurdité pire et une monstrueuse négation. Si l’on prenait, une à une, dans un examen à part, les œuvres des grands morts devant qui, déjà, se sont ouverts les caveaux nationaux, trouverait-on tout également irréprochable, tout pareillement admirable ? Il est bien des pages, dans Voltaire et dans Rousseau, dont la citation serait sévère aussi pour ces illustres défunts. Comme Clemenceau l’a fortement dit pour les hommes de la Révolution, rien n’étant parfait ni absolu dans l’histoire