Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/487

Cette page n’a pas encore été corrigée

moins partial, moins passionné, dégagé des mesquines préoccupations de l’actualité et de la polémique, sur cet écrivain génial qui, avec Victor Hugo, Balzac et Renan, personnifiera les lettres françaises au XIXe siècle. Un tri se fera dans le nombre considérable des écrits de Zola. C’est forcé, et la postérité ne recueille jamais tout ce que laisse après lui un grand producteur. Déjà on n’accepte que sous bénéfice d’inventaire l’héritage de Balzac et d’Hugo. Une sélection se fera dans l’ensemble des Rougon-Macquart. L’Assommoir, Germinal, Nana, la Terre, dont la vogue, à leur apparition, fut considérable, conserveront leur retentissante notoriété. Ce sont des livres qu’il faudra avoir lus. Par contre, Son Excellence Eugène Rougon, la Conquête de Plassans, l’Argent, Pot-Bouille, le Ventre de Paris, le Bonheur des Dames, et œuvres analogues, perdront de l’intérêt, au moins aux yeux du grand public. Les descriptions et les longueurs feront négliger les belles qualités de couleur et de style de ces ouvrages, au caractère technique et presque didactique. Mais, comme cela est arrivé pour Balzac, dont Eugénie Grandet, la Cousine Bette et d’autres études d’une humanité profonde et d’une psychologie éternelle ont gardé toute leur fraîcheur, toute leur vigueur native, ce sont les œuvres de demi-teinte et de facture douce, comme Une Page d’amour, l’œuvre, et la Joie de vivre, qui seront, tant qu’il y aura une langue française, lus, relus et admirés. Enfin, la Débâcle, tableau d’histoire, épopée douloureuse et véridique, mieux comprise, plus justement jugée, demeurera l’œuvre maîtresse du génial et puissant écrivain. Le gouvernement de la République vient de donner à la dé