Un petit incident a terminé cette fête de la littérature moderne.
Un militaire, le général Jung, s’est levé, après plusieurs orateurs, et a
dit simplement, en buvant à Zola :
— « Je souhaite de toute mon âme que mon illustre ami, après la Débâcle,
nous donne le Triomphe. »
Zola a répondu en souriant :
— « Général, cela dépend de vous ! »
Ni Zola, ni personne de ceux qui lui survivent ne devaient voir se
réaliser ce double vœu littéraire et patriotique.
Le 28 septembre 1902, un dimanche soir, Zola et sa femme étaient revenus
de Médan pour s’installer à Paris, dans leur appartement de la rue de
Bruxelles, n° 2 bis. C’était la rentrée hivernale d’usage. M. et Mme Zola
se couchèrent de bonne heure. Ils faisaient chambre commune.
Des travaux de réparation étaient urgents dans l’appartement. Il convenait,
notamment, de remettre en état un tuyau de chute du cabinet de toilette.
Des ouvriers avaient été commandés. Les plombiers devaient venir, le
lendemain, commencer le travail. Ils se présentèrent, comme il avait été
convenu, le lundi matin, à huit heures. Il fallait passer par la chambre à
coucher pour pénétrer dans le cabinet de toilette. On frappa à la porte.
Personne ne répondit. Alarmés, les domestiques enfoncèrent la porte. On
trouva Émile Zola, à terre, au pied du lit, sans connaissance, au milieu
de déjections et de vomissements. Mme Zola gisait, inanimée, sur le lit.
On ouvrit les fenêtres, on courut à la recherche d’un médecin. Il en vint
deux. Ils pratiquèrent la traction rythmique de la langue et essayèrent
d’obtenir la respiration
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