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et la fausse interprétation donnée à ce livre, où l’on a voulu voir un dénigrement de l’armée, et un mépris de la valeur française, qui n’étaient pas un instant en cause, valurent à l’auteur des animosités invincibles. Ses attaques littéraires, ses succès, l’ostentation avec laquelle il énumérait les tirages de ses livres lui avaient attiré des jalousies d’auteurs aux éditions moins multipliées. Son peu de respect religieux, le nom de Jésus-Christ donné assez maladroitement à son rustre venteux ne furent pas sans lui nuire. Enfin, parmi les causes de ses insuccès répétés, le perpétuel candidat, faisant son examen de conscience et se remémorant ses dédains d’antan, aurait pu comprendre cette phrase fâcheuse écrite dans les Romanciers naturalistes, étude sur Balzac : Pourtant la gloriole pousse encore nos écrivains à se parer d’elle (l’Académie) comme on se pare d’un ruban. Elle n’est plus qu’une vanité. Elle croulera le jour où tous les esprits virils refuseront d’entrer dans une compagnie dont Molière et Balzac n’ont pas fait partie… Un sage dicton veut qu’on ne crie jamais, à portée d’une source : « Fontaine, je ne boirai pas de ton eau ! » car la soif peut venir, et c’est un engagement téméraire et regrettable quand on ne veut pas le tenir par la suite, surtout quand c’est la fontaine elle-même qui dispose de son eau, ne laissant se désaltérer que ceux qui lui conviennent. Zola eut aussi un instant l’idée d’être candidat aux élections législatives. On lui offrit un siège dans le cinquième arrondissement de Paris, circonscription de M. de Lanessan, devenue vacante par sa nomination en Indochine, et il fut sur le point d’accepter. Il hésita cependant. On chercha à l’entraîner. Il finit par décliner l’offre, en