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braver de nouveau l’hostilité de l’Illustre Compagnie. Voici la déclaration nette et franche qu’il publia après ce retentissant insuccès : Je savais que je ne serais pas élu. Que ferai-je maintenant ? La question ne se pose pas pour moi, ou plutôt elle est résolue d’avance. Tout à l’heure j’écrirai au secrétaire perpétuel de l’Académie française que je reste candidat au fauteuil d’Ernest Renan, et que je pose ma candidature au fauteuil de John Lemoinne. Je reste candidat, et je serai candidat toujours. De mon lit de mort, s’il y avait alors une vacance à l’Académie, j’enverrais encore une lettre de candidature. Vous savez, en effet, quelle est la position que j’ai prise. Je considère que puisqu’il y a une Académie je dois en être. C’est pour cela que je me suis présenté. Que l’on m’approuve ou que l’on me blâme, il n’en reste pas moins ce fait : j’ai engagé la lutte. L’ayant engagée, je ne puis pas être battu. Or, me retirer serait reconnaître ma défaite. Voilà pourquoi je ne me retirerai pas. L’Académie sera donc officiellement avisée de ma candidature toutes les fois qu’elle aura à remplacer un de ses membres. Zola avait contre lui des préventions et des coalitions. On lui reprochait d’abord la crudité de certains passages de ses livres, l’argot de l’Assommoir, la Mouquette montrait trop sa lune dans Germinal. Ce n’était pas toutefois une cause absolue d’exclusion. L’Académie avait eu dans son sein des auteurs qui ne reculaient pas devant le terme propre, lequel est d’ailleurs presque toujours le contraire. S’il eût vécu, Zola aurait triomphé certainement de cette répugnance. Est-ce que l’Académie ne vient pas de recevoir, et très justement, le poète puissant et le talentueux auteur qu’est Jean Richepin ? Cependant, la Chanson des Gueux contient des sonorités et des verdeurs dont Zola n’eut pas le monopole. La Débâcle