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convînt pas. Les adulations l’ont, durant toute sa vie, escorté. Il a été aussi accueilli avec des huées et des injures, mais cela fait contraste, et constitue l’agréable symphonie de la célébrité. L’affaire Dreyfus lui a donné la sensation, inconnue jusqu’alors, de la popularité, de la foule, de la lutte sur la place publique, qu’il semblait, par ses œuvres, par sa vie de cénobite, par son défaut d’expérience de la tribune, par son éloignement des candidatures et des comités politiques, destiné à toujours ignorer. Enfin, il a été favorisé surtout parce qu’il a passionnément aimé le travail. L’homme n’est heureux que par la passion, même quand il en souffre. Comme la discipline, le jeûne et les pénitences, pour l’ascète fanatique, ce fut sa grande, peut-être son unique joie, ce travail, qu’il abordait avec une sorte de frisson religieux, et pendant lequel, comme un prêtre très croyant, à l’autel, il officiait, il communiait, il s’absorbait dans une béatitude infinie. Aussi, toujours comme l’homme de Dieu, qui ne manque en toute circonstance d’invoquer, de bénir et de glorifier la divinité qu’il sert, il a saisi toute occasion de célébrer les louanges du Travail. L’un de ces hymnes de reconnaissance les plus éclatants est contenu dans le discours qu’il prononça, le samedi 23 mai 1893, à l’Association des Étudiants de Paris, dont il présidait la fête. Après le compliment de rigueur à la Jeunesse, il salua la Science et la définit : La Science, dit-il fortement, aurait donc promis le bonheur, et aboutirait à la faillite ? (C’était à l’époque où Brunetière avait lancé son fameux blasphème de la banqueroute de la science). Non ! ripostait Zola avec conviction et avec justesse, la science a-t-elle promis le bonheur ? Je ne le crois pas. Elle a promis, la vérité !