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On réclamait un havre neuf, vaste et sûr. Diverses propositions étaient en l’air. François Zola prépara un projet complet. L’emplacement qu’il proposait était la baie des Catalans, abritée du mistral. La Joliette l’emporta, comme étant plus proche du centre de la ville. De l’avis de tout le monde, aujourd’hui, l’endroit désigné par l’ingénieur vénitien était préférable : la Joliette est exposée aux coups de vent du Nord-Ouest, et le mouillage y est hasardeux. Voyages à Paris, démarches dans les bureaux, pourparlers avec les sociétés financières, les administrations maritimes, les entrepreneurs, puis confection et dépôt d’esquisses, de plans, de dessins, de cartons, tout ce difficile et consciencieux travail demeura donc inutile. L’ingénieur, déçu, mais non abattu, se rejeta sur un autre projet. L’aristocratique et somnolente ville d’Aix l’attira, comme champ d’affaires. Tout était à entreprendre dans cette cité en léthargie. Il était possible de la ranimer, de lui restituer, sinon la splendeur déchue, du moins la vitalité d’un centre moderne. Avec ses hôtels majestueux, demeures seigneuriales des anciens membres du Parlement, ses édifices publics trop vastes pour les services d’une simple sous-préfecture, l’ancienne capitale déchue de la Provence n’avait pas de chemin de fer, pas de communication facile pour les marchandises. L’industrie était absente et le commerce languissait. Ville ecclésiastique, universitaire et judiciaire, siège d’un archevêché, des Facultés de théologie, lettres et droit, centre du ressort judiciaire avec sa cour d’appel, Aix, malgré son nom, manquait d’eau. N’était-ce pas un grand et avantageux projet que celui de donner à boire à cette ville altérée ? Arroser cette très sèche région provençale était,