Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/422

Cette page n’a pas encore été corrigée

des problèmes sociaux. L’Assommoir était surtout une mercuriale sévère à l’adresse des travailleurs enclins à l’ivrognerie. Germinal, magnifique tableau du monde souterrain, pitoyable vision de la misère du mineur, n’indiquait nullement la solution socialiste de la mine devenant la propriété de ceux qui la fouillent. La Terre, tableau sombre de la cupidité et de l’opiniâtre labeur des paysans, ne contenait pas la formule de la culture en coopération, de la suppression du travail individuel, et n’annonçait pas l’avènement de la grande et profitable exploitation du sol en commun. Devant toutes ces visions de l’avenir, les yeux de Zola, si perçants pour discerner les moindres détails d’une matérialité observée, étaient couverts d’une taie. Brusquement, il parut avoir été opéré d’une cataracte intellectuelle. Ses prunelles s’emplirent d’une clarté nouvelle. Il devint clairvoyant dans les ténèbres de la question sociale. Tout son esprit fut inondé de la lumière de la vérité, et sa volonté se banda vers la justice. L’idéal des sociétés futures lui apparut, comme une terre promise et certaine, où il ne parviendrait pas, mais que les générations qui le suivraient, plus favorisées, certainement atteindraient. Et c’est parce qu’il voyait, au-devant de lui, cette terre lointaine, c’est parce qu’il la sentait le domaine promis aux hommes des temps qui succéderaient aux années de luttes, de misère, d’oppression et d’antagonisme, qui sont les nôtres, qu’il voulait obstinément avoir un enfant, un fils de la chair, c’est pour cet héritage de l’avenir qu’il voulait laisser de la graine d’êtres heureux, après lui, sur le sol, et aussi un livre, un enfant de l’esprit, témoignant de sa foi, de son espérance, de sa charité sociales, un héraut précurseur des vertus théologales de la démocratie future.