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a dégrossi, mais le sculpteur a fait défaut. Ce livre, cependant, offre un intérêt particulier : il témoigne d’une évolution dans la conscience de l’auteur, et il est, par moments, un document autopsychologique. C’est le seul ouvrage où Zola, renonçant, pour certains chapitres du moins, à ses notes, à ses extraits, aux renseignements obtenus par correspondance, ou tirés de minutieux interrogatoires et de patientes auditions, s’est documenté d’après lui-même. Il a quitté la méthode objective, abandonné le métier du peintre ou du photographe se campant en face du modèle, pour recourir à l’analyse subjective. C’est dans ce Paris qu’il a mis le plus de son moi. Il a dépeint ses propres sensations dans les émois passionnés de son abbé Froment. À l’époque où il écrivait Paris, Zola était amoureux. Lui, le chaste laborieux, le forgeur de phrases courbé sur la tâche matinale et ne laissant pas un seul jour le fer se refroidir ni l’enclume se taire, s’était pris au piège de la femme. Sa liaison, annoncée, pardonnée, peut être rappelée sans scandale ni injure. La digne et maternelle épouse du grand écrivain, l’héritière de sa pensée et la légataire de son âme, a recueilli, élevé, aimé les deux enfants de Mme Rozerot. À la cérémonie d’inauguration de la Maison de Médan, donnée à l’Assistance Publique, la veuve de Zola avait auprès d’elle ces deux enfants du sang de son mari, Jacques et Denise, devenus ses enfants adoptifs à elle, les enfants du cœur et de la bonté. Les promenades à bicyclette de son abbé Froment, en compagnie de Marie, que Zola décrit si complaisamment, les randonnées à travers la forêt de Saint-Germain, vers la croix de Noailles et la route d’Achères, dont il donne un si joli croquis, c’étaient des souvenirs. À près de cinquante