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Nouveau-Monde, il y a des spéculateurs avides et sans scrupules, des politiciens méprisables et audacieux, des adultères, des scandales mondains, des journalistes à vendre et des journaux versatiles, et enfin il s’y dresse aussi des anarchistes usant des explosifs. Il n’y a rien, dans ce tableau de la surexcitation des vices, des appétits, des passions, qui ne puisse s’appliquer à Londres, à Berlin, à New-York, à Melbourne. Les amours d’un curé défroqué avec la fiancée de son frère, dont le sacrifice et la générosité sont peut-être bien surhumains, en tout cas exceptionnels, car les accords étaient faits et la date du mariage presque fixée, et les tentatives du chimiste, que l’amour fraternel rend capable d’un dévouement aussi invraisemblable que celui du Jacques de George Sand, pour faire sauter le Sacré-cœur, aboutissant à l’expérience d’un moteur industriel, c’est la substance, c’est la moëlle du roman. On ne saurait admettre cette substitution de fiancée et ce changement dans l’utilisation des explosifs, comme caractérisant, résumant et expliquant Paris. Malgré quelques belles échappées panoramiques, observées du haut de la place du Tertre, sur la Butte Montmartre, et rappelant le spectacle des ciels de Paris vu des hauteurs de Passy, dans Une Page d’Amour, la description décorative et plastique, où d’ordinaire excelle Zola, semble négligée et plus faible dans ce livre. Il est d’une facture moins sûre, d’un relief moins accusé, d’un intérêt secondaire aussi, et comme s’il était écrasé par son titre, par la masse même du sujet, il s’affaisse en maint passage. Zola a voulu faire grand, il n’est parvenu qu’à faire gros. C’est un bloc incomplètement travaillé. L’art, si éclatant dans la plupart des œuvres précédentes, n’est pas suffisamment intervenu. Le praticien