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dessus, et à part de la souveraineté historique des empereurs. C’est un pouvoir qui remonte plus haut, vers la source des âges. La suprématie du prêtre se retrouve au commencement des périodes historiques. Dans la société aryenne, le brahmane était supérieur au guerrier, au roi, et le Kschâtrya, s’il voulait s’élever, devenir un véritable chef, atteindre le sommet de la hiérarchie védique, devait commencer par s’humilier devant la caste sacerdotale, et, comme le roi Vicvamitra, se faire ascète pour monter au trône brahmanique. Zola a méconnu cette loi historique, lorsqu’il a fait, de la passion dominatrice de l’Église et de ses chefs, une question d’ethnographie : l’Église est absolutiste en soi, et le despotisme, c’est sa vie même. Transportez le pape de Rome à Chicago, comme il en a été un instant question, il y sera tout aussi « Imperator » . Les papes d’Avignon furent aussi césariens que ceux qui ne quittèrent jamais Rome. C’est l’Église, et la Papauté la résumant, qui sont absolues, qui rêvent la domination du monde ; la ville, où l’hégémonie catholique trône, n’est pour rien dans cette insatiable convoitise de la puissance suprême. La donnée du roman de Rome, le prétexte à descriptions, le fil conducteur dans les rues romaines, est la venue au Vatican de l’abbé Pierre Froment, prêtre français, suspect de tendances hétérodoxes, auteur d’un livre déféré à la Congrégation de l’Index, intitulé la Rome Nouvelle. L’auteur est engagé à défendre, en personne, son ouvrage et à solliciter une audience du pape. Il a cru naïvement exprimer les idées du pape, le Léon XIII soi-disant républicain, le Léon XIII prétendu socialiste, qu’on montrait faisant commerce d’amitié avec la démocratie de France et d’Amérique. La Rome Nouvelle de l’abbé Froment sera la ville de la religion