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filiation pour être ceux qu’ils sont, et pour justifier l’attention des hommes. Le Docteur Pascal, lui-même, est si peu le congénère des Rougon-Macquart qu’il se classe à part, se servant, pour expliquer sa dissemblance, son isolement dans la famille, de l’exception prévue par les savants, prudente réserve que Lucas a décrite sous le nom d’innéité. L’innéité, c’est la porte ouverte à la délivrance de l’être enfermé dans la fatalité du cercle héréditaire. Pascal Rougon est donc un étranger dans cette famille de déséquilibrés. C’est un évadé de l’atavisme morbide. Il aime la science, cultive la vertu et vit à la campagne. Le philosophe sensible et vertueux du siècle dernier. Il n’a pas le sens pratique des choses, ni un goût excessif pour le tran-tran du travail vulgaire. Il néglige sa clientèle, et consciencieusement élabore des recherches sur l’hérédité, qui se résument dans la confection d’un arbre généalogique, s’ajoutant à des notes biographiques, sur chacun des membres de la famille. Sa mère, Félicité Rougon, veut prendre ces dossiers pour les détruire, car elle juge fâcheuses pour la réputation de la tribu les fiches qu’ils renferment. Elle réussit, à la mort du docteur, à capter et à brûler ce casier médical, sauf l’arbre, réfractaire au feu, et que Zola devait par la suite débiter en volumes in-18. Le Docteur Pascal a, chez lui, à la Souléiade, une jeune nièce, Clotilde, qui l’appelle maître, et à qui il a enseigné bien des choses, sauf une qu’elle apprend toute seule : l’amour. Et ici, débarrassé de l’obsession héréditaire, l’auteur entre dans le beau, dans le puissant. Comment, après des brouilles et des accès de religiosité, l’oncle et la nièce, maître et disciple, deviennent-ils amants, époux, c’est ce