Mon cher Directeur,
Vous allez publier la Débâcle et vous me demandez quelques lignes de
préface.
D’ordinaire, je veux que mes œuvres se défendent d’elles-mêmes et je
ne puis que témoigner ma satisfaction en voyant celle-ci publiée dans
un grand journal populaire qui la fera pénétrer dans « les couches
profondes de la démocratie » .
Le peuple la jugera, et elle sera pour lui, je l’espère, une leçon
utile. Il y trouvera ce qu’elle contient réellement : l’histoire vraie
de nos désastres, les causes qui ont fait que la France, après tant de
victoires, a été misérablement battue, l’effroyable nécessité de ce
bain de sang, d’où nous sommes sortis régénérés et grandis.
Malheur aux peuples qui s’endorment dans la vanité et la mollesse ! La
puissance est à ceux qui travaillent et qui osent regarder la vérité
en face.
Cordialement à vous.
ÉMILE ZOLA.
19 octobre 1892.
Forcément, dans cette étude, qui ne saurait dépasser les limites normales
d’un ouvrage de librairie, j’ai dû analyser sommairement, ou me contenter
d’indiquer, certains livres de Zola. Je n’ai pu accorder à chaque roman la
même part d’examen et de critique, mais les observations et les remarques
d’un ordre général, faites sur toutes les œuvres étudiées en ces pages,
peuvent s’appliquer à celles qui sont mentionnées seulement.
Le dernier livre de la série des Rougon-Macquart est le Docteur Pascal.
Ce docteur est l’ultime rameau du fameux arbre généalogique, que Zola prit
tant de peine à greffer, à émonder, et à décrire.
Ce n’est pas que Zola fût à court de Rougons et dépourvu de Macquarts.
Encore moins se trouvait-il à bout
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