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encore les victorieux, dont il était. L’armée française était, il le proclamait, la première du monde. Eh bien ? et l’armée allemande ? Évidemment, elle devait encore être placée au-dessus, hors concours. En contestant les infériorités, les paniques, les divagations des troupes en marche, l’esprit d’indiscipline et de démoralisation des adversaires, l’officier allemand affirmait sa supériorité et celle de ses hommes, il établissait l’incontestable super-excellence de ceux qui avaient fini par avoir raison d’une armée aussi bien organisée, aussi admirablement commandée, aussi parfaitement approvisionnée, et aussi capable et résistante que l’était l’armée de Mac-Mahon. Puisqu’ils avaient pu triompher de combattants aussi formidablement préparés pour la victoire, les Allemands devenaient, selon l’expression de leur philosophe Nietzsche, des sur-soldats. Le capitaine Tanera, en louangeant la France, ne faisait donc que le panégyrique de l’Allemagne. Il portait à la seconde puissance sa patrie, en donnant à la nôtre la valeur d’une unité. Il proclamait enfin, en reconnaissant la supériorité relative des races latines, l’absolue supériorité des races germaniques. Ce Bavarois se moquait de nous avec ses compliments. Il nous faisait très grands, pour se montrer plus grand que nous, puisque nous étions à terre, et qu’il nous piétinait. La France, haute encore, mais assommée, faisait un piédestal géant à la géante Germania. Nos journalistes, surtout pour faire pièce à l’auteur de la Débâcle, prirent pour argent comptant les grosses flatteries du capitaine allemand. Zola répondit à ce malin Bavarois. Dans le Figaro, qui avait, le premier, publié la lettre du capitaine Tanera, parut la réplique. Plusieurs questions techniques et de détail avaient été