Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/380

Cette page n’a pas encore été corrigée

lâches et des traîtres opposons l'alléluia des croyants et des braves. Au moins, tant qu’il sera besoin d’avoir des braves, de compter sur eux, et d’appeler, autour du drapeau menacé, ceux qui croient encore à ce vieux symbole de la Patrie. Il est possible que l’avenir meilleur, plus raisonnable, plus pacifié, nous réserve la surprise de l’accord universel. Ce rêve est encore improbable, sans apparaître impossible, irréalisable. Les États-Unis d’Europe ne sont qu’une chimère temporaire. Il fut une époque où les Bourguignons étaient des Prussiens pour les Parisiens. Mais il faudrait commencer par le commencement : la restitution à la France de son territoire, et la substitution de la République sociale et fraternelle aux empires et aux républiques autoritaires et fanatiques du monde actuel. En attendant que cette utopie, nullement fantastique ni éternelle, soit la réalité de demain, il est prudent de conserver chez nous de la graine de ces toqués de Rochas, et de méditer, en relisant la Débâcle, sur les causes de la défaite de 1870, sur les moyens d’en éviter le recommencement. Comme au mois de mars 1908, lorsqu’il fut question de transférer les restes de Zola au Panthéon, et qu’on discuta les crédits à cet effet, comme après cette cérémonie, la Débâcle provoqua, lors de sa publication, des protestations diverses. Toutes aussi injustifiées. L’une d’elles attira surtout l’attention. Elle provenait d’un officier allemand, le capitaine Tanera, qui assistait, faisant partie du grand état-major, à la bataille de Sedan. Ce vainqueur bénévole, et réclamiste, se permit de prendre la défense des soldats français qu’il estimait insultés par Zola.