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du livre. Est-ce qu’à l’ironie de la phrase vous n’avez pas compris que je me moquais ? La vérité est que l’œuvre est déjà trop touffue et qu’il y manque pourtant beaucoup de choses. C’est un danger de vouloir tout mettre, d’autant plus qu’on ne met jamais tout. Du reste, c’est là l’arrière-plan, car mon premier plan n’est fait que des Fouan, de Françoise et de Lise : la terre, l’amour, l’argent. Merci encore, et bien cordialement à vous. ÉMILE ZOLA. Je n’argumenterai pas, dans ce livre, contre Zola qui n’est plus là, pour de nouveau expliquer et réfuter. Sa lettre est intéressante et fournit un excellent plaidoyer. J’avais sans doute, dans mon article, traité deux personnages épisodiques du drame rustique, en premiers rôles. Mais l’auteur n’avait-il pas tellement grandi leur stature et si fortement accentué leurs tics et leurs tares qu’ils arrivaient à dominer : ils masquaient les autres acteurs, comme ce marquis de comédie, campé sur la scène au premier plan, qui, de son large dos, aux trois quarts du parterre, cachait les comédiens, et puis comme ce Jésus-Christ vous assourdissait ! La Terre, malgré les exagérations et les brutalités signalées, est un livre impressionnant, et pas aussi pessimiste qu’on l’a dit. C’est un tableau sombre et dur de la vie rurale, mais les modèles vivants sont-ils gracieux et sémillants ! Les animaux à face humaine de La Bruyère sont reconnaissables dans leurs descendants, bien que modifiés, atténués, par le suffrage universel, l’instruction obligatoire, les journaux et le régiment. Les personnages de Zola ne sont pas des monstres façonnés à plaisir, et pour effrayer les gens. Ils sont très humains, très vraisemblables. Ils sont fréquents dans la réalité, les accidents criminels, comme le meurtre de