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Jésus-Christ fait songer à Valmy ; c’est excessif. L’auteur a certainement vu trop énorme, et entendu trop fort. J’ai signalé cette outrance dans un article de l’Écho de Paris au moment de l’apparition du livre, en 1887. On me pardonnera de me citer moi-même, car cet article me valut une intéressante lettre de Zola, qu’on trouvera ci-après, et suscita de nombreux commentaires dans la presse : L’auteur, disais-je en examinant le cas de son Jésus-Christ, a traité l’infirmité de son rustre, comme Camoëns décrivant l’ouragan des Luciades, comme Virgile sa tempête de l’Énéide. Le naturalisme est ici fort loin de la nature. Il est arrivé à plus d’un, sans doute, par mégarde, faiblesse ou sans-gêne, de laisser échapper une détonation, comme ce Jésus-Christ, mais qui donc, eût-il tous les huissiers de France et de Navarre à ses trousses, eût pensé, à l’aide de cette artillerie que chacun porte en soi, mettre en fuite le plus poltron de ces corbeaux, ou même effrayer les moineaux pépiant dans les brandes ! J’ajoutai cette critique, à laquelle Zola voulut répondre plus spécialement : La Terre est pleine de ces morceaux hyperboliques. Ce sont, il est vrai, des tableaux d’une large poésie : les semailles, la pousse du blé, l’envahissement de la Beauce par la marée verte, la grêle, la moisson. Zola évoque Hésiode. Il chante les Travaux et les Jours de notre temps. Je ne le chicanerai point sur des détails inexacts. Qu’importe qu’il ait fait pousser la vigne en Beauce, et donné à ses villages et à ses villageois du plat pays central, des noms méridionaux ou montagnards comme Rogues, Fouan, Hourdequin. Le défaut de ce roman, c’est d’être un poème géorgique trop touffu, trop chargé d’ornements. Il y a aussi abus du « culbutage » . Le paysan, rompu par les travaux de la journée, ne songe guère le soir à des exercices amoureux. Il mange la soupe, se couche et ronfle aussitôt. Le dimanche soir, ou les lendemains de