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Perroquet gris, et ainsi de suite à la file, raccrochant au passage, les samedis de paie, l’ouvrier rentrant des Ternes à la Villette. Zola complètement l’a négligé, oublié. C’est pourtant, comme le cabaret, un des endroits démoralisateur de la classe ouvrière. Lantier est un personnage flou, vague, impersonnel sans être typique, dessiné de chic, d’après le Jupillon de Germinie Lacerteux. En lui donnant des idées et des préoccupations politiques, Zola a encore commis une erreur, et ajouté à l’inexactitude du tableau. Presque tous les ouvriers, à l’époque où se place le drame de l’Assommoir, s’occupaient de politique, et étaient ouvertement hostiles au gouvernement impérial. Les votes des circonscriptions populaires en font la preuve. Malgré la pression administrative formidable et la puissance de la candidature officielle, les ouvriers de Paris nommaient alors députés : Jules Favre, Émile Ollivier, Ernest Picard, Garnier Pages, Darimon, les fameux Cinq, puis bientôt Jules Simon, Pelletan, Bancel, enfin Rochefort et Gambetta. Ceci prouvait la force de l’opinion démocratique et opposante dans les faubourgs. Ce n’étaient pas les seuls souteneurs qui battaient, avec des majorités écrasantes, les candidats du gouvernement. Bien au contraire, ces êtres à part dans la société, vivant comme en dehors de la population, dont ils ne partageaient ni les labeurs, ni les soucis, ni les préoccupations, étaient, en grande majorité, indifférents à tout ce qui se rapportait à la politique et aux affaires publiques. N’étant pas électeurs et sans domiciles stables, ils se désintéressaient des opinions et des luttes. Si, par hasard, ils témoignaient d’une préférence gouvernementale, c’était en faveur du régime existant : ayant pour principe de ne pas se mettre mal, sans nécessité, avec les autorités. Au