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car tout miracle est explicable : il y avait, à cette époque, 1875-1876, tout un groupe de littérateurs, de médecins, d’artistes, de politiciens, de professeurs de droit et de sociologues, qui reprenaient, avec plus de sérieux, plus d’autorité, plus de ressources financières aussi, l’œuvre inachevée dont Thulié et Assézat avaient disposé les fondations, dans leur revue : le Réalisme. Ces hommes, jeunes alors, dont quelques-uns survivent, voulaient introduire dans la science, dans la philosophie, dans la linguistique, dans la politique, dans l’art et dans la littérature, la vérité, la réalité, l’expérimentation. Ils avaient pour maîtres Littré, Broca ; ils se rattachaient à Darwin, à Spencer, à Bentham. Une association assez singulière, l’Autopsie mutuelle, les groupait. Le but de cette société était l’étude du cerveau du membre décédé. Étant personnellement connu, ayant manifesté son énergie pensante, laissant des œuvres, une trace sur le sable fugitif des générations, ce sociétaire pouvait fournir un sujet plus intéressant, plus vaste, plus précis aussi, pour l’étude du cerveau, que les pauvres hères, appartenant d’ordinaire aux classes illettrées et peu intellectuelles, livrés par les hôpitaux, et dont on ignorait les antécédents, les facultés, l’existence. Broca était le président de cette société, qui existe encore et dont je fais partie, sans toutefois être pressé de lui fournir un prochain sujet d’études. Les principaux membres de l’Association étaient Louis Asseline, docteur Coudereau, Abel Hovelacque, Issaurat, Sigismond Lacroix, Yves Guyot. Ce dernier dirigeait le Bien public. Émile Zola, déjà critique dramatique à ce journal, en rapport avec les mutualistes de l’Autopsie, ayant annoncé l’achèvement d’un nouvel ouvrage, où la névrose ancestrale était étudiée dans ses manifestations perverses et morbides,