Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/290

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans un lieu étrange, capiteux, chargé de parfums provocants, où l’air même est lascif et irrite les sens à vif. La description de ce boudoir végétal, tout imprégné de senteurs aphrodisiaques et de sucs vénéneux, les enlacements brusques, les bonds, les caresses, les spasmes, les convulsions extatiques et les heurts désordonnés de Maxime et de Renée, « goûtant l’inceste », roulés sur les grandes peaux d’ours noir, au bord du bassin, dans la vaste allée circulaire aux ombrages monstrueux des tropiques, —tout ce chaos de sensations, de nerfs, de mouvements, de contacts et de violences physiques, tout ce pêle-mêle de la passion fouettée par le rut, tout ce tumulte d’imaginations maladives est peint, buriné plutôt, avec une furia inouïe. Ce tableau d’apparence érotique, mais dont l’impression est sévère et triste comme celle qu’on emporte d’une opération chirurgicale, à la précision d’une eau-forte de Rops. Les peintures crues abondent dans l’œuvre de Zola, mais les voluptueuses et les raffinées y sont assez rares. Quand il rencontre ces tableaux érotiques à peindre, il n’hésite pas. Il ne fuit ni n’oblige à se rhabiller ses modèles. Il se rapproche et de tout près, froidement, les observe pour les décrire, avec l’impartiale exactitude du physiologiste, traitant de quelque virus surpris dans les organes du plaisir. Il détaille les phases, minutieusement, de la maladie qu’il a observée. Il y a en lui, alors, comme une de ces curiosités si étendues, si prolixes, des ecclésiastiques casuistes, s’efforçant dans leurs manuels de n’oublier aucune variété, aucune manifestation de la passion, dont ils ont entrepris d’éclairer les plus sombres arcanes, sans en avoir, par eux-mêmes, exploré les seuils. C’est ainsi que cette phrase étonnante se trouve sous la plume d’Émile Zola, qui l’a certainement