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IV


LES ROUGON-MACQUART. — LA FORTUNE DES ROUGON. — LA CURÉE. — SON EXCELLENCE EUGÈNE ROUGON. — L’ASSOMMOIR. — UNE PAGE D’AMOUR. — L’ŒUVRE
(1872-1886)


Zola, lorsqu’il se mit à écrire le premier volume de la série des Rougon-Macquart, qu’il intitula : la Fortune des Rougon, ne pouvait prévoir la brusque disparition du régime sous lequel il faisait vivre ses personnages. Il avait composé les premiers chapitres en mai 1870. C’était l’heure du plébiscite triomphal. Un rêve d’empereur victorieux, bientôt suivi du tragique réveil d’un vaincu, sur la route de l’exil. Il y avait quelque audace à placer, au frontispice d’une œuvre littéraire annoncée comme comportant des proportions considérables et des développements successifs, les scènes peu flatteuses de l’origine du régime. Le dénouement et la moralité, bientôt fournis par la sévérité de l’histoire, ne pouvaient se présenter à la pensée de l’auteur, avec netteté, avec certitude. Le châtiment était lointain, indéterminé : une vision poétique et une illusion vengeresse. Victor Hugo avait sans doute prédit la chute de l’empire et la punition de l’empereur, mais