Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/263

Cette page n’a pas encore été corrigée

scientifique de l’ouvrage, témoignant, chez l’artiste, d’une difficulté de plus vaincue. Cette formule du naturalisme n’est pas nouvelle. Elle a été donnée en théorie, en 1842, et, en pratique, dans quarante chefs-d’œuvre, durant vingt-cinq ans, par Balzac, qui, dans l’avant-propos d’une des éditions de la Comédie Humaine, disait : En dressant l’inventaire des vices et des vertus, en rassemblant les principaux faits des passions, en peignant les caractères, en choisissant les événements principaux de la société, en composant des types par la réunion des traits de plusieurs caractères homogènes, peut-être pouvais-je arriver à écrire l’histoire oubliée par tant d’historiens, celle des mœurs. On ne recommence pas les conteurs d’imagination. On les plagie, voilà tout. Walter Scott est ainsi pillé et refait, tous les jours, par de petits Dumas subalternes. Les feuilletonistes populaires recommencent les extraordinaires aventures des héros de Frédéric Soulié, d’Eugène Sue, voire de Paul Féval, de Montépin et de Ponson du Terrail. Le roman policier, qui reprend vigueur, avec des épopées compliquées et invraisemblables, dont des détectives gentlemen sont les Achilles et et les Hectors, ne fait que rééditer des exemplaires du Scarabée d’or et du Double assassinat de la rue Morgue d’Edgar Poë. Enfin, les psychologues, les narrateurs mondains et les fabricants de livres bébètes, dont la couverture peinturlurée, affriolante et brutale, est tout l’intérêt, comme ces toiles peintes à l’extérieur de la baraque foraine, n’ont pu, en recommençant les conteurs badins du XVIIIe siècle et en costumant à la moderne, chez le couturier en vogue et chez la modiste en renom, les héroïnes de Choderlos de Laclos et de