Pour les romantiques, qu’on se figure toujours chevelus et échevelés,
portant le « pourpoint cinabre » sans lequel on était honni, et acclamant
à tort et à travers les tirades d'Hernani, — « vieil as de pique ! il
l’aime ! » —les auteurs rangés parmi les classiques étaient des podagres
cacochymes, ensevelis sous de volumineuses perruques ; pour les
naturalistes, les ménestrels du romantisme ne hantaient que les tourelles
moyenâgeuses, sonnaient du cor perpétuellement, et ne sortaient qu’en
compagnie de gentilshommes habillés de ferblanterie. À leur tour, les
naturalistes ont connu ces exagérations railleuses. À entendre les
réacteurs de l’idéalisme, de la psychologie élégante et de la bavarderie
mondaine, —il faut se souvenir que Bourget, talentueux d’ailleurs, se
présenta à l’Académie contre Zola et fut élu, —le naturalisme a pour
équivalents le grossier, le malodorant, l’immonde. Ce terme de jargon,
scientifico-littéraire semble vouloir dire, en langage ordinaire :
cochonnerie. Les livres de Zola ne pouvaient se lire qu’un flacon
d’ammoniaque à la main, disait-on. Ses disciples étaient qualifiés de
scatologues. Leurs ouvrages sortaient des sentines, et, en se tamponnant
les narines, on écartait ces produits évocateurs de la vidange. Comme tout
cela est loin, est bête, paraît vieillot ! comme le temps se charge de tout
remettre en sa place, et de dissiper les parfums fâcheux. Le vidangeur en
chef, Émile Zola, est aujourd’hui en bonne odeur de popularité. Il est
devenu grand homme officiel.
De cela, ses vrais, sincères et purement littéraires amis, parmi lesquels
je m’honore d’être, se soucient peu. Ce n’est pas le Panthéon, glorieux
bloc, qui ajoutera une pierre au monument colossal érigé par Zola. L’homme
de lettres puissant, l’un des plus vigoureux
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