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s’entourant de tous les documents se rapportant à l’objet du roman, devenu un travail expérimental et scientifique. Il avait toujours manifesté du goût pour les sciences, principalement pour la physique, la chimie, l’histoire naturelle. Lauréat du collège, en ces matières, il avait montré peu d’aptitude aux mathématiques. Rien d’étonnant à ce qu’il s’intéressât, jeune homme refaisant son instruction après coup, aux ouvrages de sciences physiques et naturelles. Les phénomènes de l’hérédité, récemment étudiés et discutés parmi les savants et les philosophes, Ribot, Renouvier, Baillarger, l’avaient intéressé, frappé. Un livre qui lui tomba sous la main : le Traité de l’Hérédité naturelle du docteur Lucas, produisit une impression vive sur son esprit disposé à s’intéresser aux découvertes de la physiologie, préoccupé d’appliquer les théories scientifiques aux études littéraires. Sa doctrine du Roman Expérimental s’élaborait et se formulait dans son intellect brusquement agrandi. Il avait déjà été incité à cette adaptation de la méthode du savant aux recherches de l’homme de lettres, par un travail de Claude Bernard : l'Introduction à l’étude de la médecine expérimentale. Il en conclut que le romancier pouvait être un observateur et un expérimentateur, celui que le grand physiologiste qualifiait de « juge d’instruction de la nature » . Des lois fixes régissent le corps humain, comme le démontrent les expériences de Claude Bernard. Il partait de là pour affirmer que l’heure n’allait pas tarder à sonner, où les lois de la pensée et des passions seraient formulées à leur tour. Les romanciers devraient donc opérer sur les caractères, sur les passions, sur les faits humains et sociaux, comme le chimiste opère sur les corps bruts,